C'est assez

LES GARDES RÊVES Rivière Blanche août 2015 - 244 pages - 17 €

Raymond ISS est un nouvelliste qui exerce son art dans le domaine des littératures de l'Imaginaire, dans les registres du fantastique et de la science-fiction. Les éditions Rivière Blanche ont eu l'heureuse idée de réunir ses nouvelles dans deux recueils, La Bulle d'Éternité et Les Gardes Rêves, sous de magnifiques couvertures illustrées par Jean-Pierre Lyon. La nouvelle "Cassiopée", un récit noir, sombre et cruel, aux descriptions assez cliché mais réussies, ayant même droit de cité dans les deux ouvrages !

Si La Bulle d'Éternité est plus orientée science-fiction, Les Gardes Rêves penche plus volontiers du côté du fantastique. Regroupant des récits inédits et des nouvelles déjà parues dans différents supports, magazines et anthologies, ces recueils montrent l'étendue du talent de raconteur d'histoires de Raymond Iss, très à l'aise dans le récit court. Le point central du recueil, "Les Gardes Rêves", apparaît comme une exception, car il réunit sous ce titre, dix récits successifs en gloire à l'imaginaire dans un ensemble très curieux, doté d'un charme onirique, plaisant à lire, offrant du suspens et un nonsense proche de Lewis Carroll, dans ce qui est sans nul doute un bel hommage au rêve.

Déballons quelques friandises: "Baisers volés" est une étrange histoire d'amour à travers le temps et l'espace à base de passages secrets qui n'envoient pas seulement dans un autre lieu, comme à Poudlar chez Harry Potter, mais dans le passé ou l'avenir. "Sortie interdite" offre un bon suspense, l'employé d'un ministère cherchant chaque soir une sortie différente, jusqu'au jour.... "Ma nuit de Walpurgis", très belle et émouvante histoire: cette nuit-là les morts que l'on a aimés reviennent passer une nuit avec les vivants. "Les voyages déforment la jeunesse", sous ce titre peu original, un excellent récit déconcertant qui flirte avec la folie. "Mémoires de guerre", cruelle et excellente variante de Farenheit 451 ! Mentionnons enfin "Rouge", dans lequel l'auteur, prétendument "né au forceps", décrit sa propre naissance sous l'angle imaginaire:

"Mais de cette arrivée mouvementée, il me reste ces oreilles un peu décollées, et la tête pleine de courants d'air d'où sortent parfois des histoires sans queue ni tête..." (p 123)

Récits d'horreur, de revenants, de folie, histoires nostalgiques, voyages dans le temps, les courtes nouvelles de Raymond Iss emportent les lecteurs sur les ailes d'un fantastique classique et maîtrisé.

Jean-François Thomas. dans Galaxies n° 40 mars 2016

critiue reproduite avec l'aimable autorisation de l'auteur.