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dernière publication : juin 2009  - 710741 - dans GALAXIES N° 41
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C'est assez !J'AI LU

 

Le quai de Ouistreham par Florence Aubenas (février 2010)

Catherine soldat par Adrienne Thomas ( août 2009)

La nouvelle raison du monde– essai sur la société néolibérale par Pierre Dardot & Christian Laval

Les traites négrières par Olivier Pétré Grenouilleau

Le sang noir par Louis Guilloux:

La peau du Tambour par Arturo Perez Reverte

Journal d'un conjuré 1938-1944 par Ulrich von Hassell

 

LE QUAI de OUISTREHAM par Florence Aubenas (Editions De Noyelles février 2010)

L'auteur, une journaliste, a vécu pendant six mois et a travaillé dans le milieu des travailleurs précaires, celui des entreprises de nettoyage. Son témoignage nous présente un monde où la notion même de travail n'existe plus. N'en restent que des heures, dispersées dans la journée, qu'il faut accepter au débotté, quel que soit le lieu. C'est aussi les cadences impossibles à tenir : cinq heures pour effectuer une tâche payée trois heures.

Atomisés, accaparés par cette lutte quotidienne pour la survie, ces travailleurs n'ont plus aucune idée de ce que peut être un travail stable. Seuls quelques anciens se souviennent encore des usines, vidées par la désindustrialisation, dont les ruines elles-mêmes ont disparu.

Face à cette régression, le discours d'Auguste Vaillant, condamné à mort et exécuté pour avoir lancé une bombe dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale en 1893 rejoint l'actualité et sonne comme un avertissement.

Cliquez ici pour l'écouter (fichier mp3)

 

CATHERINE SOLDAT par Adrienne Thomas ( Metz éditions Serpenoise 1989)

Catherine vient d’avoir dix-sept ans. Dans quelques mois l’été, et sa meilleure amie qui l’invite à passer des vacances à Paris. Catherine est amoureuse de Lucien. Vive l’année 1914 ! Dans la presse, on ne parle que de l’assassinat du directeur du Figaro par madame Caillaux et personne ne prête attention à celui de cet archiduc autrichien en Bosnie. Et puis les évènements s’enchaînent pour aboutir à cette chose impensable : on est en guerre contre la France !

Catherine assiste stupéfaite à la métamorphose de son entourage, ces jeunes gens qui se jettent hors du lycée pour s’engager dans l’armée. Même Lucien. Alors Catherine s’engage, comme auxiliaire de la Croix-Rouge. A la gare de Metz, elle découvrira la face cachée de la guerre en voyant revenir ces beaux garçons, meurtris, mutilés. Elle accueillera également les prisonniers français, les populations déplacées. Le soir dans sa chambre rue Charlemagne, elle confiera ses angoisses et sa rage à son journal intime.

Adrienne Thomas a publié ce roman largement autobiographique en 1930 en Allemagne. Il sera traduit en quinze langues et connaîtra le même succès que l’ouvrage de E.M. Remarque « A l’ouest rien de nouveau »… Et le même « honneur » d’être brûlé par les nazis en 1933.

A lire également : « Adrienne Thomas le fantôme oublié de la gare de Metz » par Jacques Gandeboeuf ( Metz éditions Serpenoise 2009) Adrienne Thomas appartient à ces oubliés de l’histoire, les Lorrains d’origine allemande établis depuis 1870 dans ce département français annexé. Adrienne, de son vrai nom Hertha Strauch est née en 1897 à Saint-Avold. Elle accompagnera ensuite ses parents à Metz où ils résideront jusqu’en 1916. Plus tard, elle deviendra écrivaine, mais « cette messine célèbre, les Messins n’en entendront jamais parler ». Parce qu’elle était allemande, comme Mungenast dont les romans témoignent de la nostalgie de sa ville natale. A travers le cas d’Adrienne Thomas, Jacques Gandeboeuf analyse le malaise de ces populations ballottées pendant trois quarts de siècle entre deux pays, suspectes d’être trop françaises et pas assez allemandes, ou l’inverse selon le côté où penche le balancier de l’histoire. L’unanimité se fera toujours pour les ranger parmi les vaincus et les condamner au silence.

 

LA NOUVELLE RAISON DU MONDE – essai sur la société néolibérale par Pierre Dardot & Christian Laval (édition La Découverte 2009) avril 2009

Le néo-libéralisme n’est pas un retour aux sources du libéralisme, au règne « naturel » du marché, favorisé par l’échec de l ‘économie dirigée, et en réaction au keynésianisme ou à l’Etat-providence. Il ne préconise pas, bien au contraire, la disparition de l’Etat et ne se limite pas au champ économique. Ses principaux traits sont les suivants :

- Le marché est un projet construit qui requiert l’intervention de l’Etat et la mise en place d’un système de droit spécifique.

- Le marché n’est pas tant « l’échange » que la concurrence, définie comme la relation inégalitaire entre les « entreprises », et devenant la norme générale des pratiques économiques que l’Etat est chargé d’encadrer.

- Mais dans ce nouveau libéralisme, l’Etat n’est pas seulement le gardien de cet ordre. Il est soumis dans son propre domaine à la concurrence. Il ne fait pas exception aux règles qu’il est chargé de faire appliquer. L’Etat est tenu de se considérer lui-même comme une entreprise et la distinction entre droit public et droit privé s’efface au profit du second.

- Plus encore, l’exigence de la norme de concurrence atteint l’individu dans le rapport qu’il entretient avec les autres et avec lui-même. L’individu devient « l’entrepreneur » de son existence, hors de tout lien social ou solidaire. ( « La société, ça n’existe pas », disait Margaret Thatcher).

Cette logique apparue à la fin du 20° siècle aux Etats-Unis avec la présidence de Reagan, en Grande Bretagne avec Margaret Thatcher et Tony Blair, dissout la citoyenneté et les droits qui lui étaient jusque là attachés comme la protection sociale. L’accès à certains biens et services n’est plus considéré comme lié à un statut, mais comme le résultat d’une transaction marchande entre un client et un prestataire de services. Le contrat se substitue à la loi ou aux rapports sociaux basés sur la solidarité et les structures collectives.

Cette dissolution met en cause la souveraineté du peuple à travers des institutions politiques devenues des coquilles vides, comme la démocratie qu’elles incarnaient. Pire même, la différence entre les régimes politiques s’efface. La valeur suprême étant la liberté individuelle, conçue comme la faculté de se créer un domaine protégé, on pourrait être opprimé dans une démocratie et libre dans une dictature. Ainsi Milton Friedmann, à propos du Chili de Pinochet : « … préfère une dictature libérale à une démocratie qui ne sera jamais assez libérale »

Des clubs de réflexion comme la Conférence Trilatérale réunissant américains, européens et japonais avaient déjà déploré dans les années soixante la propension de plus en plus grande des citoyens à s’occuper de politique. Ils en étaient venus à penser que la démocratie n’était supportable que si la grande masse des citoyens restait apathique !

Les effets de cette logique se font sentir également en France depuis une trentaine d’années, quels que soient les gouvernements qui se sont succédés.

La part dans la création de richesse attribuée au capital au détriment du travail ( +10 % en 25 ans), est une des causes du dérapage du capitalisme financier actuel, mais aussi des problèmes rencontrés par les systèmes sociaux ( sécurité sociale, retraites par répartition) assis justement sur les produits du travail. D’où le « trou de la sécu » et l’appel aux assurances privées et aux retraites par capitalisation (dépendant des cours de la bourse : - 43 % en un an !)

Le traité de Lisbonne rejeté en 2005 par La France et Les Pays-Bas est tout entier inspiré par ce néo-libéralisme ( concurrence libre et non faussée mais interdiction d’harmoniser les législations sociales pour mettre en concurrence la main-d’œuvre). Le néo-libéralisme, sous couleur de « liberté » (mais pour qui ?) est donc bien un système totalitaire, visant à créer un « homme nouveau » en appliquant la logique de l’entreprise à l’ensemble du champ social (politique, famille, rapports inter-individuels) Comme disait Mme Thatcher en 1988 : « L’économie est la méthode, le but est l’âme »

LES TRAITES NEGRIERES par Olivier Pétré Grenouilleau (Gallimard nrf 2004) - mai 2006 -

Traites négrières, ce terme évoque immédiatement les navires partis des ports d'Europe occidentale échanger sur les côtes d'Afrique, contre de la pacotille, des esclaves vendus ensuite aux colons d'Amérique.

Cet échange signifie que les négriers n'étaient pas des chasseurs mais des commerçants. Les esclaves étaient achetés à d'autres Africains qui les avaient capturés à l'occasion de guerres ou de razzias.

Cette précision nous rappelle que, cette " traite atlantique ", fut possible par l'existence d'un esclavage inter-africain. Présenter les négriers comme des chasseurs dans le but d'exonérer les Africains de leur responsabilité est une vision raciste, puisqu'elle fait de ces derniers des êtres inorganisés, quasiment du gibier. Or les négriers avaient affaire à des sociétés structurées, avec leurs règles et leurs coutumes, dont malheureusement l'esclavage…

L'auteur explique également que les Européens n'étaient pas les seuls à pratiquer la traite et qu'il existait depuis bien longtemps une traite " orientale " au profit des pays musulmans. Cette traite avait commencé dès l'expansion de l'Islam en Afrique, et les musulmans développèrent très tôt la thématique raciste destinée à justifier l'esclavage des noirs par leur " infériorité " .

A l'image des Africains entassés dans les cales des navires vient donc se juxtaposer celle des caravanes d'esclaves traversant le Sahara, voyage tout aussi mortifère et sans espoir de retour.

A la différence de la " traite atlantique ", interdite au début du 19° siècle et de l'esclavage en Amérique aboli au cours du siècle, l'esclavage inter-africain et oriental mit beaucoup plus de temps à disparaître. Rappelez-vous Tintin et " Coke en stock " d'Hergé, ce n'était pas seulement de la B.D ! Puisque c'est seulement en 1963 que le roi Saoud IV le supprima en Arabie saoudite. L'esclavage a même tendance à renaître puisque l'an dernier, en 2005, le gouvernement du Niger a dû prendre des mesures pour l'interdire. Et que dire du Soudan, où voici deux ou trois ans, des O.N.G ont acheté ( pour les libérer) des esclaves noirs sur le marché de Dar Es Salam pour quelques milliers de dollars !

Le débat sur l'esclavage qui renaît actuellement est l'objet d'amalgames et d'inflation verbale qui nuisent en général au but recherché.

Ainsi l'esclavage est assimilé parfois à un " génocide ", c'est à dire à l'extermination d'un peuple ou d'un groupe humain. Il est utile de rappeler, que la traite étant un commerce destiné à obtenir une main d'oeuvre gratuite, les négriers avaient au contraire intérêt à ce que leur " marchandise " parvienne en bon état de l'autre côté de l'Atlantique ou du Sahara !

Certains amalgament esclavage et colonialisme. Or en Afrique, la colonisation a succédé à l'esclavage. Elle a donné également lieu à des crimes, mais c'est un autre débat qui n'entre pas dans le cadre de l'ouvrage d'Oliver Pétré Grenouilleau. La colonisation a cependant un lien avec l'esclavage en Afrique, parce qu'elle y a mit fin. Ainsi au Maroc, c'est en 1912 que le dernier marché aux esclaves de Marrakech fut fermé par le maréchal Lyautey. C'est dans les pays qui n'ont jamais été colonisés que l'esclavage a subsisté le plus longtemps, et c'est dans d'anciennes colonies qui ont acquis leur indépendance qu'il réapparaît.

Après un ouvrage qui n'occulte aucun aspect de la traite et de l'esclavage dont furent victimes les Africains, il ne faut pas s'étonner que l'auteur ait été assigné devant la justice pour " négation de crimes contre l'humanité ", par des associations pratiquant l'anti-racisme à sens unique, et pour qui le négrier ne peut être qu'un blond aux yeux bleus. L'esclavage est certainement le pire crime contre l'humanité, le simple fait qu'un homme soit propriétaire d'un autre homme et l'achète ou le vende comme son cheval, et puisse en faire autant de ses enfants suffit, que les négriers soient blancs ou noirs, qu'ils sévissent sur l'Atlantique ou dans le Sahara.

LE SANG NOIR: Louis Guilloux

La guerre est là, nous sommes en 1917, mais on ne la voit jamais. C'est pourtant à elle que toute une génération immole ses fils en les envoyant à l'abattoir national. Au lycée, ils ont eu pour maître de philosophie, Cripure qui à présent, à l'image de la ville, n'est plus qu'un grand pantin tragique et déchu. Car désormais, la culture et la pensée n'ont plus droit de cité, sauf comme alibi aux cérémonies sacrificielles pour la patrie.

On pense immédiatement à Céline, le "Sang noir" est contemporain du "Voyage au bout de la nuit", mais un Céline qui implose. En effet, à l'issue d'une journée et d'une nuit où certains perdront plus que la vie, tous les personnages convergeront vers le cadavre de Cripure. Avant que le couvercle ne se referme, quelques uns, parmi les plus jeunes parviendront à se sauver.

Editions Gallimard 1935 - Réédité par France-Loisirs en 2001

LA PEAU DU TAMBOUR :Arturo Perez Reverte

Séville. Une église décrépite, menacée par la spéculation immobilière, tue pour se défendre. Un pirate s'introduit dans le système informatique du Vatican. Celui-ci, dépêche un de ses sbires, ecclésiastique de choc, spécialiste des coups tordus. Comme toujours, il ne s'agit pas de mettre fin au scandale mais d'exécuter celui qui le dénonce.

Jusque là, nous sommes dans une intrigue policière qui pourrait s'appeler " Du rififi chez les curés. "

Mais à Séville, le père Lorenzo Quart apprendra ce que cachent une duchesse buveuse de Coca-Cola, sa fille qui range son briquet derrière la bretelle de son soutien gorge, une religieuse en jean et un vieux curé crasseux. Ils luttent pour qu'un fantôme continue à guetter la voile qui remonte le Guadalquivir, pour que le monde soit autre chose que le rêve absurde d'un dieu ivre, pour que la messe soit dite, le jeudi à huit heures à Notre Dame des Larmes.

Collection Points, édition du Seuil 1997 pour la traduction française

JOURNAL D'UN CONJURE 1938-1944 :Ulrich von Hassell - éd Belin 1996

Ambassadeur d'Allemagne à Rome jusqu'en 1938, Ulrich von Hassel appartient à la classe politique, et c'est l'Allemagne vue "de l'intérieur" qui nous est offerte à travers ces notes au jour le jour, jusqu'à son arrestation suivie de son exécution après l'attentat manqué du 20 juillet 1944 contre Hitler.

Nous voyons défiler tous les opposants civils et militaires au régime et nous assistons à leur tentative désespérée de donner au monde l'image d'une "autre Allemagne".

L'austérité de ces documents bruts qui n'étaient bien évidemment pas destinés à la publication est tempérée par la relation de blagues entendues dans la rue, dans le métro et qui témoignent aussi de l'état d'esprit de la population. Ainsi par exemple :

En 1941, après la "fuite" de Rudolph Hess en Angleterre :

" Le Reich de 1000 ans vient d'être ramené à 100 ans. "

" Pourquoi ? "

" Parce qu'il vient de perdre un zéro "

Une autre encore en 1943 après Stalingrad :

Au ciel, Hannibal, César et Napoléon commentent la situation :

Hannibal : " Ah si de mon temps j'avais eu des chars ! "

César : " Et moi, si j'avais eu l'aviation ! "

Napoléon: " Si j'avais eu Goebbels, personne n'aurait jamais su que j'avais perdu la bataille de Waterloo. "

La fille d'Ulrich von Hassel, Fey von Hassell a également publié un récit. Aventure personnelle, il se lit comme un roman. Arrêtée après l'exécution de son père, elle est séparée de ses enfants puis déportée dans différents camps avec les familles des conjurés pris comme otage. Echappant de justesse à la liquidation finale, il lui faudra, avec l'aide de sa mère, mener une course contre la montre dans l'Allemagne cloisonnée par les zones d'occupation, pour retrouver ses jeunes enfants, élevés sous un faux nom dans un orphelinat national-socialiste.

Fey von Hassel : Les jours sombres éd France Loisirs

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